Ce samedi soir, Rodolphe Burger devait ouvrir le Banquet du livre mais un deuil dans sa proche famille l’a empêché de donner le concert en solo qu’il avait à cœur d’offrir au public de Lagrasse. Il aurait sans doute, dès les premières notes, emprunté les chemins de traverse qu’il affectionne, lui qui, dans sa création musicale, n’a de cesse de déjouer les pièges de l’identitaire pour partir, guitare en bandoulière, en quête d’ailleurs. A sa place et au débotté, comme seuls savent le faire les artistes qui ont la générosité dans l’âme et le cœur à l’ouvrage, Laurent Cavalié (photo Idriss Bigou-Gilles) a donné le « la » d’une semaine où l’on se demandera que faire de ces ailleurs qui nous questionnent.
Ce samedi soir, dans les jardins de l’abbaye médiévale, un vent s’est levé avec les mots de Laurent Cavalié, une de ces brises de langue d’Oc qui dit non quand il faut, comme Lagrasse vient de dire trois fois non à l’extrême droite lors des dernières élections européennes et législatives. La menace ne persiste pas moins d’un pouvoir hostile aux diversités culturelles dans un pays où Thomas Jolly, le metteur en scène de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, est chaque jour la cible de menaces de mort. De cette hostilité-là il fut clairement question samedi soir dans les prises de paroles qui se sont succédé lors de l’inauguration.
L’inauguration du Banquet du livre, samedi soir.
Photo Idriss Bigou-Gilles
Le ton est donné : à la question de l’ailleurs, se greffera dans les débats auxquels l’esprit même du Banquet invite, la question de l’engagement.
Car c’est de cela qu’il s’agit. Et qui mieux que Patrick Boucheron, contributeur essentiel à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024, peut à son tour donner le « la » de ce qui nous requiert ? Il le dira lundi dans le Journal des arts de lire à propos du Centre culturel de rencontre : « Tout le monde a compris que désormais, la bataille culturelle est engagée ».
Pour décrire la manière dont il conçoit la rencontre avec des musiciens d’autres cultures que la sienne, Rodolphe Burger se refuse à parler de fusion. Il lui préfère tressage, un beau mot pour dire l’exigence d’habiter le monde avec le souci de l’autre et, plus largement, de tout le vivant.
S. B.
