Mesures : « Les auteurs que nous publions ont payé le prix de leur liberté »

André Markowitz a créé Mesures avec Françoise Morvan. Une maison d’édition qui se refuse à la séparation des genres.

Vous avez créé la maison d’édition Mesures avec Françoise Morvan. Pourquoi devenir éditeur ?
Pour une série de raison. La première est que Françoise avait fini un grand livre dont il nous semblait que nous devions décider nous-mêmes de la forme de publication. Ce livre est en quatre parties séparées et donc, il y a quatre livres au lieu d’un. C’est l’histoire d’une vie qui s’intitule Sur un champ de sable, sur fond de mémoire absente. A partir de là, nous nous sommes dit que nous pouvions construire une maison, c’est-à-dire choisir nous-mêmes les textes que nous voulions publier sans séparer la poésie (traduite ou non traduite), sans séparer les langues (français, russe, anglais) et sans séparer les époques (Françoise traduit du français médiéval en français moderne) tout en faisant en sorte que les textes se répondent. Nous choisissons nous-mêmes le format des livres, la couleur du papier, nous travaillons directement avec l’imprimeur, Françoise réalise les illustrations.

Et Mesures propose aux libraires et au public un modèle économique particulier…
Les livres sont publiés en premier tirage à 500 exemplaires numérotés. Chaque livre est donc unique. Nous ne faisons pas de dépôt chez les libraires. Ils achètent les livres. Peu de libraires peuvent le faire, pour des raisons le plus souvent économiques. Mais pour nous c’est important parce que ce sont des amis qui vendent nos livres. La deuxième façon de vendre est de proposer au public de s’abonner et recevoir cinq livres par saison pour 100 euros.

André Markowicz (à droite) en train de présenter sa maison d’édition à la librairie Ombres blanches.

Pourquoi ce nom : Mesures ?
Nous voulions un terme qui implique la musique. Nous sommes très proches de Sonia Wieder-Atherton est nous voulions nous laisser la possibilité de publier des choses avec elle. Le nom fait par ailleurs référence à la revue Mesures publiée chez Gallimard dans les années 30. C’était une revue d’avant-garde qui ne séparait pas la traduction et la poésie non traduite. Nous voulions revendiquer cet héritage.

Dès lors, quelle est votre ligne éditoriale ?
Chez Mesures, nous ne séparons pas les genres. Traduit, non traduit, pour nous c’est pareil. Nous publions des textes de théâtre, des poèmes, des proses. Nous ne traduisons d’abord que les auteurs sans lesquels nous ne pouvons pas vivre, des auteurs absolument essentiels pour nous, même s’ils sont inconnus du public. Il y a un autre critère, tout aussi important, pour les auteurs étrangers que nous publions : ce sont des auteurs qui ont payé le prix de leur liberté, des auteurs qui, d’une façon ou d’une autre, se sont dressés contre la dictature, en l’occurrence en Russie. L’engagement pour la liberté d’expression, où que ce soit, est l’un des aspects fondamentaux de notre travail.

Les livres des éditions Mesures sont tirés à 500 exemplaire en numérotés. Ici, L’oiseau-loup de Françoise Morvan publié en 2022.

Comment un traducteur et éditeur tel que vous, aborde la question de l’ailleurs qui est au cœur de ce Banquet du livre ?
Par définition, l’ailleurs est partout. Si on ne se considère pas soi-même comme étant ailleurs, on ne se voit pas. L’ailleurs n’est donc pas un critère pour nous puisqu’il est partout. C’est la définition même de la vie. C’est à la fois le regard sur soi et le regard sur l’autre. L’autre est par nécessité ailleurs. La question, c’est l’accueil de l’ailleurs. Comment dans la langue, par la langue, nous sommes capables de nous transformer pour l’accueillir et faire en sorte que ces transformations ne cassent pas la grammaire, c’est-à-dire la loi commune. Là est le propre de l’intégration des étrangers. C’est formidable d’amener d’autres cultures dans notre culture et c’est tout aussi formidable de voir que toutes ces cultures respectent les lois communes. Les deux sont absolument indissociables. Il y a d’un côté le respect de la loi commune qui n’est pas notre loi mais qui devient la loi de celui qui vient, et d’un autre, notre capacité à envisager des formes étrangères.

Recueilli par Serge Bonnery

Toute l’actualité et le catalogue est en ligne sur le site de la maison d’édition Mesures sur lequel on peut souscrire à la formule originale de l’abonnement.



Le Banquet du livre pratique

LE COIN ENFANTS

Pour les 4-10 ans, tous les jours de 10 h à 13 h et de 17 h à 20 h dans la cour du palais abbatial. Gratuit sur inscription.

TARIFS & INSCRIPTIONS

  • Forfait intégral (non inclus : atelier d’écriture, banquet du Banquet) : 100 € (plein tarif), 80 € (tarif réduit), gratuit (tarif jeunes)
  • Concert d’ouverture – Rodolphe Burger (3 août) : 18 €, 15 €, 10 €
  • Forfait journée : 20 €, 16 €, gratuit
  • Séances à l’unité : 6 €, 4 €, gratuit
  • Le banquet du Banquet (repas-spectacle du 9 août) : 40 €
  • Atelier d’écriture : 15 €, 12 €, gratuit (inscription obligatoire)
  • Siestes sonores et promenade botanique : 7,5 €, 6 €, gratuit (inscription obligatoire)
  • Visites éclectiques de l’abbaye : 11 €, 9 €, gratuit (inscription obligatoire)
  • Qi Gong : 5 € (inscription obligatoire)
  • Atelier de philosophie, Figure libre, La criée, Grand petit déjeuner : gratuit, sans réservation dans la limite des places disponibles.

Tarif réduit pour les étudiant·e·s, les 18-25 ans, les PSH, les bénéficiaires des minimas sociaux, les adhérent·e·s du Marque-page.

Tarif jeunes pour les -18 ans

Pour plus de renseignements : le site du Centre culturel Les arts de lire.

SE RENDRE A LAGRASSE

  • Gares les plus proches : Lézignan-Corbières (18 km), Narbonne (40 lm), Carcassonne (40 km).
  • Aéroports : Carcassonne (40 km), Perpignan (70 km), Béziers (80 km), Toulouse (140 km), Montpellier (140 km).

SE LOGER A LAGRASSE

Renseignements à l’Office de tourisme : 04 68 27 57 57.

SE GARER A LAGRASSE

Parkings P1 et P2 obligatoires pour les visiteurs. Payants de 10 h à 18 h : 0,70 euros/heure, 4 euros/journée.