Mariam est la première résidente du Cada que j’ai connue. Cette Malienne de 10 ans était l’amie de mes filles et elle venait souvent jouer à la maison avec son petit frère Daouda, en photo dans les escaliers. C’est en observant avec quelle facilité les enfants se rencontrent et se lient que je me suis lancée dans ce projet.
Sur la photo, Mariam me regarde fixement : elle n’a pas peur de l’objectif. Au contraire, ça l’amuse, elle aime poser. C’est elle qui dirige la séance comme elle m’a dirigée au début de cette aventure. Elle a été ma guide dans le Cada, m’a présenté ses voisins et sa famille : sa mère Kadiatou et ses quatre frères et sœurs. La fratrie partage la chambre où j’ai fait ce portrait. Mariam y porte son châle de prière sur les épaules. Elle grandit dans une famille musulmane pratiquante, sa mère prie cinq fois par jour. Mariam, elle, prie quand ça lui chante. Derrière elle, on voit le désordre des vêtements de six personnes entassés dans un placard. On aperçoit également les valises, toujours prêtes à être remplies pour un nouveau départ.
Kadiatou ne rêve d’ailleurs que de ça : faire ses valises pour l’Ile-de-France. « Je ne me sens pas chez moi ici. En Afrique, on est tout le temps chez les uns, chez les autres. Ici, c’est chacun chez soi. Chacun pour soi. Il n’y a pas la joie… », regrette Kadiatou. La joie, ses enfants ne l’ont pas perdue. Ils ont transformé les lieux en terrain de jeux. Daouda fait du vélo dans les couloirs et de la balançoire sur la lance à incendie. Il se faufile d’un appartement à l’autre, comme un chat, souple et silencieux. Daouda ne parle pas, ou si peu. Ses yeux s’expriment pour lui.
La famille de Mariam et Daouda a quitté le Cada en décembre dernier : toute la famille a été déboutée du droit d’asile sauf la petite dernière, Awa, 5 ans. Sa mère et ses aînés peuvent donc rester en France en qualité d’accompagnants d’enfant mineur. Incohérences des services de l’immigration…
Texte et photos Sarah Leduc
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