J’arpente en permanence les petites routes du Massif central. Avec l’été, les personnages, les animaux et les sculptures de paille y apparaissent nombreux, le long des départementales. Ils sont souvent l’œuvre de comité des fêtes, parfois de syndicats agricoles… Ici, ils célébraient le mariage prochain d’un jeune couple du village et annonçait également la fête votive à venir. Ces personnages, très hétéroclites, sont une expression culturelle singulière très ancrée en milieu rural, et sont caractérisés par un certain nombre de savoir-faire et de compétences.
Comme évoqué par le sociologue Fabrice Raffin dans une récente tribune consacrée aux politiques culturelles et publiée dans Le Monde, ces personnages et ces expressions du bord des routes sont culturels « non parce qu’ils donnent accès à des œuvres socialement valorisées par une élite, mais parce qu’ils permettent une expérience (…) faite d’émotion, de plaisir et de fêtes. Une conception dionysiaque, qui valorise la participation durant les moments culturels, par la danse, la transe, les cris, le faire. (…) Cette expérience est bien différente de la contemplation distante, réfléchie et retenue des milieux culturels. Et si André Malraux affirmait que «si la culture existe, ce n’est pas du tout pour que les gens s’amusent », il semble au contraire que parmi nos contemporains les attentes des publics soient bien plus ludiques, voire prosaïques ».
mercredi 28 juillet 2021 – photo n°1083 – instagram : @fredsancere
L’exposition est ouverte jusqu’au 31 août dans la cour de la Poterie et la salle attenante. Le livre qui l’accompagne est en vente à la librairie Les Arts de Lire.