Pour ce dernier tour de table des librairies du Banquet, Nicolas Vivès (photo) nous ouvre les rayons littérature d’Ombres Blanches dont il est le responsable. Parmi ses auteurs de prédilection : Pierre Michon. C’est donc vers la table consacrée à l’auteur des Vies minuscules qu’il nous conduit. Elle est dominée par la couleur jaune des éditions Verdier puisque c’est dans la maison lagrassienne que Pierre Michon a publié l’essentiel de son œuvre.
Sur la table, il y a donc tout Michon. A commencer par Les Onze, « sa réalisation romanesque la plus aboutie », estime Nicolas Vivès. « Tout le roman est bâti sur un tableau qui n’existe pas », rappelle-t-il, ce que des lecteurs n’ont découvert qu’en se rendant au Louvre… pour finalement ne pas le voir ! Lues jeudi soir par le comédien Pierre Baux, Les deux Beune sont là aussi, au milieu d’une forêt de grands textes.
« Pierre Michon, c’est le plus grand styliste contemporain », tranche Nicolas Vivès qui se souvient avoir lu « religieusement », lors du Banquet du livre 2002, les épreuves photocopiées de Abbé et Corps du roi, deux livres qui allaient sortir en librairie quelques semaines plus tard.
Dans Corps du roi, justement, Pierre Michon évoque la figure de William Faulkner et dit en passant toute l’attention qu’il porte à la littérature américaine.
Bonne transition pour nous rapprocher maintenant de la table consacrée à cette littérature qui, selon Nicolas Vivès, « traverse un problème de génération ». Pour le libraire, « elle n’est plus la littérature dominante qu’elle fut à la fin du XXe siècle. L’empire américain s’est effrité. Et rares sont les écrivains qui réussissent à s’emparer du choc qu’a représenté pour l’Amérique l’attentat du 11 septembre ».
Il y a tout de même des exceptions, avec des autrices et auteurs qui s’emparent des grandes fractures de la société, comme Joyce Carol Oates et son Livre des martyrs américains (Points Seuil) ou Richard Powers avec Sidérations (10/18).
Sur une autre table : Dans la forêt de Jean Hegland (Gallmeister), Station Eleven d’Emily St. John Mandel. Il y a tout ce qu’il faut à Ombres Blanches pour se plonger dans « une littérature des mondes détruits » ou en cours de décomposition, ce qui, d’une certaine manière, nous ramène à… Pierre Michon.
S.B.