En prolongement des 30 ans du Banquet, Le Marque-Page propose une série de témoignages récoltés auprès des acteurs et actrices des précédentes éditions.
Trente ans ! Quarante-cinq pour moi, soit les deux tiers, dont plus de la moitié à travailler pour le Marque-Page et à contribuer à faire de ce lieu un centre culturel de rencontre, derrière un comptoir – ou devant, là précisément où se font les rencontres, entre deux mondes que je pensais parfois inconciliables. Mais je me trompais : ces rencontres devenues souvent des amitiés, là où on fait « péter l’oreille » pour les anecdotes, les brouilles, les secrets, les grandes idées, ou pas… 2025, c’est mon dix-huitième Banquet, mais aussi mon premier au mois de juillet, toujours de l’intérieur, mais dans un autre rôle, celui de régisseur pour L’EPCC Les arts
de lire.
Mais le Banquet, c’est aussi chez Jacques et Dolorès au Charlemagne, sur la promenade – il n’y a que vingt-neuf ans – le cinéma sous la tente du resto face à l’école communale, d’où sortait le fameux Corbières matin. On était fiers avec mes camarades de virées nocturnes d’en faire les titres, après nos « attentats » pacifiques ; c’est le même qui m’obligeait à me lever à 7h pour une photo de famille à la vigne de pépé, après m’être couché à pas d’heure pour numéroter des gravats pour le non moins fameux Corbeille Soir.
Bon, il faut quand même avouer que, comme beaucoup de mes amis saisonniers, je redoutais toujours ces quinze jours, dix, puis sept… Je pense aussi à celles et ceux que nous n’avons plus jamais revus pour des raisons qui m’ont souvent échappé́, et ceux que l’on ne verra plus.
Renaud Oulès, jeune adolescent de Lagrasse en 1995,
actuellement régisseur au centre culturel Les arts de lire,
a été responsable du bar de La Maison du Banquet et de
générations de 2008 à 2022 pour le Marque-Page.